C’est une phrase que j’entends souvent : « J’aimerais chanter… mais je n’ai pas une belle voix. » Comme si une « belle voix » était une condition obligatoire pour oser chanter, comme si seuls les plus doués ou les plus virtuoses avaient le droit de s’exprimer. Pourtant, cette idée est non seulement fausse… mais elle prive bien des gens du plaisir profond que procure le chant.
Alors, faut-il vraiment avoir une belle voix pour chanter ? Et d’ailleurs, c’est quoi, une belle voix ?
1. Une belle voix : une notion subjective
Une « belle voix », c’est d’abord une affaire de goût. Certaines personnes aiment les voix douces et rondes, d’autres préfèrent les voix éraillées, rocailleuses ou puissantes. La voix de Barbara n’est pas celle de Céline Dion, et pourtant, toutes deux nous touchent. Car au fond, ce qui émeut dans une voix, ce n’est pas sa perfection technique : c’est l’émotion qu’elle transmet, l’authenticité de la personne qui chante.
Et ça, ce n’est pas réservé aux professionnels. C’est accessible à chacun·e.
2. Ce qui compte, c’est l’envie de chanter
Chanter, c’est un geste vital. C’est une manière de respirer, de vibrer, de faire circuler les émotions. C’est un plaisir primal, comme rire ou pleurer. Même les tout-petits chantonnent avant de parler. Alors pourquoi s’imposer des critères esthétiques rigides, comme s’il fallait « mériter » de chanter ?
Si vous avez envie de chanter, alors vous avez tout ce qu’il faut pour commencer.
3. Tout le monde peut apprendre à chanter juste
Autre croyance répandue : « Je chante faux, donc je ne suis pas fait·e pour chanter. » Or, sauf cas très rares, chanter juste s’apprend. Il s’agit souvent d’un problème d’écoute, de tension corporelle ou d’habitudes vocales. Avec un accompagnement adapté, une pratique régulière et un cadre bienveillant, on progresse toujours.
Et surtout : on chante de mieux en mieux quand on arrête de vouloir bien chanter à tout prix.
4. Le corps est l’allié de votre voix
Une voix qui sonne bien, c’est une voix soutenue par le corps. Ce n’est pas une affaire de force, mais de posture, de souffle, de détente. Quand le corps est tendu, la voix se serre. Quand le corps est libre, la voix s’ouvre. C’est pourquoi j’aime intégrer le mouvement, la conscience corporelle et des approches douces comme le Feldenkrais dans l’apprentissage du chant. Car libérer le corps, c’est libérer la voix.
Et une voix libérée, même imparfaite, touche plus qu’une voix techniquement parfaite mais figée.
5. Chanter pour se faire du bien, pas pour impressionner
À moins de vouloir devenir chanteur·se professionnel·le, vous n’avez pas besoin d’une voix « parfaite ». Le chant, c’est aussi un outil de bien-être. Il apaise, dynamise, réconcilie avec soi. Il aide à respirer, à se recentrer, à se reconnecter à ses émotions. Il crée du lien, du plaisir partagé. Et il suffit parfois d’un seul mot chanté avec sincérité pour toucher quelqu’un.
Le vrai critère n’est pas : ma voix est-elle belle ?
Mais plutôt : est-ce que je me fais du bien en chantant ? Est-ce que je me sens vivant·e ?
En conclusion : osez chanter, avec la voix qui est la vôtre
Non, il ne faut pas avoir une « belle voix » pour chanter. Il faut juste une voix… et l’envie de l’explorer. La vôtre est déjà un trésor. Elle est unique, comme votre empreinte vocale. Elle peut évoluer, s’ouvrir, s’enrichir, se libérer.
Et si vous décidiez de lui faire confiance ? Chanter, ce n’est pas se juger. C’est s’offrir un moment à soi, dans la sincérité et la joie.
Alors, belle voix ou pas : chantez. Votre voix mérite d’être entendue… par vous-même, et par le monde.
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